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L'ombre bienfaisante du Parc des Sources à Vichy...

Dernière mise à jour : 16 avr. 2023



... est-elle menacée par un projet d'aménagement radical ? Le 26 septembre 2022, le Conseil Municipal a voté un projet de grande envergure, qui va remplacer des centaines d'arbres matures par de plus jeunes pousses, et réduire le nombre total d'arbres afin, notamment, d'élargir l'allée centrale (1).


Sur 752 arbres existant, 506 seraient abattus dans les cinq prochaines années.


Page 30 du projet


Une deuxième mouture du projet semble réduire les pertes, mais n'est pas forcément crédible (2).


Pour sauvegarder notre parc des sources, signez et partagez la pétition.


Ce renouvellement à marche forcée interroge: une grande partie de la futaie majestueuse qui orne le parc va donc disparaître et avec elle, cette ombre et cette fraîcheur tellement salvatrices pendant les étés caniculaires. Il faudra attendre au moins 30 ans pour les retrouver.


Deux rapports des services de l'Etat ont dénoncé les dégâts écologiques du projet: celui de l'Autorité Environnementale (téléchargeable ici) et celui du Conseil National de Protection de la Nature (ici).


Le 17 novembre 2022, une première pétition s'est émue de ce massacre programmé, et s'est également agacée du manque de transparence sur les abattages, officiellement mis sur le compte du mauvais état des arbres. Or, on voit bien, dans la page du projet reproduite ci-dessus (arbres verts et arbres oranges), que les abattages sont liés avant tout au réaménagement des espaces du parc, et non à leur état sanitaire, qui par définition se dégrade de façon aléatoire.


La première pétition, qui a recueilli près de 17 000 signatures, a permis d'avoir accès aux diagnostics sanitaires, qui sont particulièrement révélateurs.



La raison sécuritaire : une formidable supercherie


"Les dégâts irrémédiables sur les arbres nous contraignent à renouveler le patrimoine arboré du Parc des Sources", indique le document de projet (p. 202). Mais les diagnostics phytosanitaires, commandés par la Mairie elle-même, apportent un démenti cinglant aux porteurs de projet, l'état sanitaire des arbres apparaissant comme un faux prétexte.


La Mairie dit aussi vouloir programmer le remplacement de centaines d’arbres en anticipant une mortalité qui devrait survenir tôt ou tard. Or, les platanes vivent entre 500 et 3000 ans, les marronniers 250 ans. Ceux du parc des sources n’ont « que » 95 ans.


Le 26 juillet 2019, une tempête avait arraché 180 arbres et impacté 120 autres dans l'agglomération vichyssoise; parmi eux, aucun arbre du parc des sources, protégés du vent par le milieu urbain.


Ils résistent, ces beaux marronniers, ces beaux platanes. Ils en ont vu d'autres depuis 1928. Pourra-t-on en dire autant des jeunes arbres qui vont être plantés à leur place, et qu'il faudra arroser pendant les étés secs, en dépit des restrictions d'arrosage? Sur la Boucle des Isles à Bellerive, plusieurs arbres nouvellement plantés n'ont pas résisté à ces restrictions et au nouveau climat chaud et sec des étés vichyssois.


On renonce ainsi à la sécurité d'un patrimoine arboré solide et protecteur, pour de nouvelles plantations qui n'offriront pendant longtemps qu'une ombre chétive, et encore, si elles arrivent à résister à la sècheresse.


Un non-sens écologique


On n'a toujours pas retenu les leçons de la place de la Poste, ce désert urbain... et on n'a toujours pas intégré le changement climatique dans nos projets.


Actuellement, les massifs fleuris peu abondants nécessitent peu d'eau, ce qui contraste, dans le nouveau projet, avec la débauche de fontaines et de plans d'eau, véritable gaspillage organisé - un spectacle qui va désemparer les jardiniers et maraîchers qui, en été, devront attendre le coucher du soleil pour arroser leurs plantes afin de réduire l'évaporation.


Croquis des "onze jets d'eau", p. 133


La Source de l'Hôpital sera comme noyée au milieu d'un bassin insolite, qui évoquera moins l'eau naturelle que cette bizarre alliance de l'eau et de la pierre qui évacue le végétal et qui semble, d'un point de vue pratique, particulièrement difficile à entretenir dans sa pureté iconographique (vase, insectes, feuilles mortes...) Sans parler du sol artificialisé, puisque le fond du bassin sera, par définition, imperméable.


Source de l'hôpital, p. 172


En parlant de l'esthétique du projet: quelle est l'ambition de ces rayures blanches au sol, omniprésentes dans le nouveau parc?

Ressembler à Burger King?


Croquis du projet de parc, et entrée du Burger King à Bellerive



L’apothéose d’un pouvoir vertical sur des citoyens infantilisés


Vingt-six "mâts de grande hauteur"(cf p. 93) seront fin prêts pour l'installation inévitable de caméras de surveillance. Ils symboliseront la verticalité stérile et redoutable qui a présidé au ré-aménagement du parc des sources, dans le mépris des souhaits et du ressenti des habitants.


Hauts comme cinq hommes, ces mâts pourront servir de support à l'éclairage,

mais aussi à des caméras de surveillance (p. 88)


Aux habitants, il ne restera que des colifichets.


En effet, le parc actuel est un "Hymne à l'arbre", avec des arbres qui constituent un patrimoine arboré et environnemental unique dans un ensemble monumental exceptionnel classé SPR (Site Patrimonial Remarquable).


Le projet va noyer la valeur intrinsèque, universelle, indépassable de l'arbre centenaire, sous des gadgets comme une fausse rivière, des lumières multicolores, et même un "mini-Jardiland" appelé "pépinière transitoire hors sol" - une appellation qui est tout un symbole ! (cf pp. 190 et 218 du projet). Car ce projet est tout sauf ancré dans le passé, il est véritablement "hors-sol" dans son esthétique passe-partout.

Ce qui peut plaire le long des berges de l'Allier ne convient pas à un site historique comme celui-ci, marqué culturellement par le style Belle Epoque. Et même sur la rive gauche de l'Allier récemment aménagée par le même cabinet Axe-Saône, les promeneurs disparaissent par temps chaud, incommodés par le manque d'ombre.


Pour sauvegarder notre parc des sources, signez et partagez la pétition.


L’effrayante démission de l’Etat


Ce projet heurte non seulement le bon sens, mais aussi la loi.

Alors que les Autorités Indépendantes comme le Conseil National de Protection de la Nature et l'Autorité Environnementale s'alarment (cf plus haut), les pouvoirs préfectoraux et ministériels sauront-ils résister aux pressions des élus locaux, qui sont passés maîtres dans l’art de les mener là où ils le désirent ?


L'architecte du projet, Didier Repellin avouait, à propos des représentants de la Direction des Affaires Culturelles: « On a fait une dizaine de réunions pour les rendre complices du projet. » (réunion publique le 20 janvier 2023 à Vichy).


Il semble que ceux qui ont conçu le projet s'imaginaient que la loi ne s'appliquait pas à eux. Pourtant, les garde-fous sont nombreux et sans équivoque.



Les obligations légales et réglementaires


Etant classé au titre des Monuments Historiques, le parc doit conserver sa physionomie actuelle. Seuls les abattages motivés par des raisons de sécurité publique peuvent être entrepris, sous autorisation. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Vichy (Rapport de présentation) le rappelle : ce parc « a vocation à être maintenu en l’état » (p. 37).


Au sein de ce PLU, l’AVAP, Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine, précise que :

  • « le renouvellement des plantations respectera la figure générale et le système de composition actuelle de l’ensemble constitué ».

  • « Aucune construction nouvelle n’est admise » [or il est question de jets d’eau, de plan d’eau, et de l'agrandissement d'un restaurant au Fer à Cheval].

  • « La végétation des arbres à hautes tiges ne pourra être abattue… sauf impératif majeur. »

Même en-dehors de ce classement historique, les alignements d’arbres sont protégés par l’article 351-3 du Code de l’Environnement, qui dispose que :


Les allées d'arbres et alignements d'arbres qui bordent les voies de communication constituent un patrimoine culturel et une source d'aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité et, à ce titre, font l'objet d'une protection spécifique. Ils sont protégés, appelant ainsi une conservation, à savoir leur maintien et leur renouvellement, et une mise en valeur spécifiques.


Le fait d'abattre, de porter atteinte à l'arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l'aspect d'un ou de plusieurs arbres d'une allée ou d'un alignement d'arbres est interdit, sauf lorsqu'il est démontré que l'état sanitaire ou mécanique des arbres présente un danger pour la sécurité des personnes et des biens ou un danger sanitaire pour les autres arbres ou bien lorsque l'esthétique de la composition ne peut plus être assurée et que la préservation de la biodiversité peut être obtenue par d'autres mesures.


Côté environnemental, si les arbres abritent des espèces animales protégées, "la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux est interdite" (Article L.411-1 du Code de l’ Environnement).


La Ville a demandé une dérogation pour la destruction de 34 espèces protégées et de leur habitat: l'obtiendra-t-elle ? Au nom de quoi ?


Pour sauvegarder notre parc des sources, signez et partagez la pétition.

Presse et documents de projet dans ce répertoire.


Notes


(1) Le fichier pdf du document de projet a été compressé pour plus de facilité. Le fichier original est disponible ici.


(2) Début décembre 2022, le Maire de Vichy a fourni de nouveaux chiffres: 627 arbres existants, 71% conservés, 311 plantés, 758 arbres à la fin des travaux. Mais ces chiffres son trompeurs car ils ne concernent que la première phase du projet et parce qu'ils minimisent le nombre des arbres existants (lire ici).


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